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Le Clan du Lion

"Honneur, Gloire et Bushido. Il n'y a rien d'autre."

Son sempai était depuis toujours un jeune homme à la peau d'une pâleur presque maladive : le teint d'une âme faible, d'une feuille prête à tomber au moindre souffle de vent. Il avait les cheveux couleur vieil or et le regard distant, comme s'il contemplait une chose que lui seul était capable de voir. Ses cousins des familles Akodo et Matsu, et jusqu'à sa parente Matsu Tsuko, arboraient tous une musculature imposante qui avait toujours fait défaut à son sempai.

Aujourd'hui, il était assi en face d'elle, le regard absent posé sur le plateau de go. Elle se détourna de lui pour jeter un coup d'oeil par la fenêtre, et se demanda distraitement s'il était vraiment digne d'appartenir au Clan du Lion. Ce n'était certainement pas l'opinion de Tsuko. Elle avait plutôt tendance à l'appeler...

- tu te déconcentres, murmura-t-il en ébauchant un sourire entendu. Tu ne peux pas te le permettre. On attend beaucoup de toi, Tsanuri-chan. Une perte de concentration au plus mauvais moment serait un bien piètre service à rendr eà ton seigneur, n'est-ce pas ?

Il est crucial de détourner l'attention du Seigneur Oni, de focaliser celle-ci pendant que Kitsu Motso mène le gros des troupes du Clan du Lion jusqu'aux portes de Volturnum. Motso va réussir, elle en est sûre. Il est déjà parvenu à débarasser l'armée de la Main Droite du dément Okura, et il finira le travail en lavant l'honneur du clan.

Peu importe, désormais. Ils sont à bout. Les réserves de jade noircissent à vue d'oeil, le puissant Seigneur Oni a disparu au sud en confiant à sa horde le soin de les anéantir. A cette heure, il a certainement vu clair dans leur jeu, mais elle a tenu bon...Elle prie pour que cela suffise, pour que Motso parvienne aux portes avant l'arrivée du démon.

C'en est donc fini de nous, pense-t-elle. Nous sommes épuisés, sans approvisionnement, en nombre insuffisant pour exécuter un repli en bon ordre. Elle sent un sourire éclore sur son visage. L'ordre des choses est respecté. Nous savions que nous allions au-devant d'une mort certaine au moment où nous avons préparé cette manoeuvre. Telle est la voie du Clan du Lion. Il ne nous appartient pas de renâcler, de remettre en question ni de douter. Nous sommes faits pour servir, comme nos ancêtres avant nous, comme nos descendants après.

Son sempai, et désormais Empereur, l'a toujours su, pour faible et introspectif qu'il ai pu sembler autrefois. Il n'a pas failli quand l'Empire a eu besoin de lui. Elle et ses hommes ne falliront pas davantage.

Un coup maladroit fait couler le sang le long de son épaule gauche. Tsanuri fait volte-face et, malgré le poids de la fatigue, tranche la tête de la chose d'une frappe nette et rapide. Le monstre tressaille puis s'effondre : la bête est morte, mais son sang continue à brûler la terre. Un peu plus loin, les autres abominations reculent, se regroupent, et le combat connaît un bref instant de flottement.

Ils chargent dans les rangs des monstres, sans peur, sans hésitation. Le chant les étreint et les emplit, faisant disparaître toutes les félonies et trahisons du passé. Il ne reste plus que le devoir et l'honneur, l'appel des ancêtres et le dévouement du samurai.

Ikoma Tsanuri et ses soldats chargent vers une mort certaine, souriants, intrépides. En mourant comme ils on vécu : comme des Lions.

Familles du Clan du Lion

Contrairement à d'autres, le Clan du Lion n'a pas grossi ses rangs par l'ajout de nouvelles familles depuis l'aube de l'Empire. Les quatre familles qui le composent : Akodo, Matsu, Ikoma et Kitsu, voient leur lignée remonter aux premiers temps, puisqu'elles descendent du Kami fondateur et de ses trois disciples les plus illustres. Cela n'a rien de surprenant dans la mesure où le Clan du Lion est le plus conservateur et traditionnaliste de tous, plus encore que ceux du Phénix et de la Grue.

La Famille Akodo

"Nulle voie n'est étroite au point qu'un homme doive l'arpenter seul. Ne fais qu'un avec tres frères et soutiens-les. Tu puiseras ta force dans la leur."

Dernières paroles de Shinsei à Akodo

Le mon Akodo représente une tête de lion à crinière d'or, sévère et réservée, empreinte de concentration. Elle symbolise la dualité qui habite les Akodo, à la fois guerriers et penseurs érudits.

La famille Akodo, issue du Kami fondateur du Clan du Lion, a dirigé celui-ci pendant presque toute son existence. Comme beaucoup de choses touchant aux Akodo, cela n'a jamais été considéré comme un privilège ou un droit légitime, mais plutôt comme la place normale de la famille dans la société, une obligation morale qu'aucun de ses membres n'a jamais reniée. Au cours des mille ans qui ont précédé le Second Jour des Tonnerres, seuls deux Champions du Clan attesté ne furent pas des Akodo : Matsu Itagi et Matsu Zaruko, qui ont régné durant des épisodes très inhabituels. Selon un récit apocryphe, un régent Ikoma aurait également tenu les rênes pendant quelques années, mais cela n'apparaît pas dans les chroniques officielles du clan. Il fallut attendre le Temps de la Honte, au douzième siècle, pour que s'interrompe un moment leur autorité constante.

Toutes époques confondues, les Akodo n'ont jamais collé aux stéréotypes du samurai du Clan du Lion vu par ses riveaux. Ils n'ont jamais fait preuve d'un excès de morgue ou de témérité, et n'ont pas davantage d'amour du combat pour le combat. La famille Akodo est au contraire composée de soldats érudits, d'esthètes de la guerre en quête incessante de perfection martiale.

Aux yeux d'une personne extérieure, elle peut être vue comme une famille d'orfèvres de la guerre et du commandement. Ils peaufinent les concepts qui sous-tendent la direction des troupes, la gestion des terres et la logistique, et cisèlent les manoeuvres sur un champ de bataille à la manière d'un miniaturiste. Chaque action, qu'il s'agisse d'un coup de burin ou du mouvement d'une légion, s'appuie sur des principes d'honneur qui sont testés, encore et encore, puis appliqués en fonction du contexte. Si les Matsu intrépides forment l'épine dorsale du clan, les Akodo en sont l'âme et les yeux.

Les Akodo sont des ascètes réputés pour leur modestie. Ils refusent de penser à eux-mêmes en termes de mérite individuel, car ils savent que leurs plus grands succès, les victoires militaires, s'obtiennent grâce à un minutieux travail collectif qui s'appuie sur le concours et la force de leurs frères d'armes des autres familles du Clan du Lion. Qui plus est, les Akodo se sentent poussés à donner le meilleur d'eux-mêmes et rien d'autre, en toute occasion. Pour un Akodo, une chose qui mérite d'être faite doit l'être sans défaut, limite ou faiblesse. En cela, ils ressemblent beaucoup aux Kakita de leur éternel rival, le Clan de la Grue. Produire un résultat imparfait ou approcximatif est une injure faite aux ancêtres, à son sensei, à sa famille et à son seigneur. Agir sans préparation ni anticipation est la porte ouverte au désastre, ce qui vaut aux Akodo digne de ce nom ne chargera à l'aveugle ni ne partira au combat sans préparation. D'ailleurs, le style de combat Akodo met l'accent sur la précision et le calme intérieur. Certains membres de la famille, les fameux Kensai, 'bretteurs saints", suivent même la voie du sabre avec une telle ferveur artistique qu'aux yeux de certains, ils seraient plus à leur place au sein du Clan de la Grue.

Les Akodo sont également réputé pour leur piété et leur sens de l'honneur, ainsi que pour leur dévouement envers leurs ancêtres et le code du Bushido. Faillir aux ancêtres reviendrait à faillir à la place qu'ils occupent au sein du Clan du Lion et, plus généralement, à trahir l'Ordre Céleste. Quand au code du Bushido, ils le doivent au fondateur Akodo le Borgne en personne, qui l'a formalisé dans Le Commandement ; renier l'un ou l'autre aspect du code reviendrait à renier leur nature profonde d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Ce serait tourner le dos à la réalité qu'ils ont fait voeu de protéger, et faire injure à la noblesse et à la perfection qu'ils s'efforcent de céer. Tout cela fait des Akodo des traditionnalistes étroits d'esprit, qui s'efforcent d'incarner toutes les vertus du Bushido dans un respect absolu. Aucune de ces vertus ne peut être considérée comme plus importante qu'une autre : telle est la leçon d'Akodo, le dieu qui vécut parmi eux. Et même si n'importe quel membre du Clan du Lion est susceptible de devenir un parangon du Bushido, ces hommes et femmes remarquables semblent émerger plus souvent de la famille Akodo que de toute autre.

L'Ecole de Bushi Akodo

Au fil des siècles, les principales Ecoles de Bushi de nombreux Clans ont développé des spécialités qui ont sérieusement restreint leur champ d'action. Les Akodo considèrent qu'il s'agit d'une erreur et ont pris soin de ne jamais emprunter cette voie. L'Ecole s'attache à la précision en matière de kenjutsu, le style d'escrime fondamental de l'Empire. Les Akodo pensent qu'en frappant votre cible précisément comme vous le souhaitez à chaque coup, vous vous faciliterez considérablement la vie. Certains y voient là une forme de simplicité, mais nul ne remet en doute les capacités des Akodo au combat. L'art de la guerre fait partie intégrante de la formation de chaque Akodo et tous les samurai de cette famille ont des connaissances en tactique et en stratégie, ausis rudimentaires soient-elles.

Les Techniques Akodo s'attachent à la précision et à la réunssite, si bien qu'elles permettent à de simples coups de se révéler particulièrement dévastateurs à haut niveau, voire à transformer des échecs en succès.

Compétences indicatives : Art de la guerre (combat de masse), connaissance en histoire, défense, Kenjutsu (voie de l'épée), Kyujutsu (tir à l'arc), sincérité

Equipement indicatif : armure légère, vetements robustes, daisho

autres indicatifs : 5 kokus, honneur 6,5

La Famille Ikoma

Les Ikoma ne se contentent pas de consigner l'histoire du Clan du Lion : ils assistent également les Otomo dans la rédaction des annales de l'Empire. Mais contrairement à ces derniers, ils considèrent que l'histoire, en plus d'être archivés, doit aussi être partagée et enseignée aux plus jeunes pour leur apprendre l'honneur et le sens du devoir. Cette philosophie se retrouve dans le mon de la famille Ikoma, un torii ouvrant sur la sagesse et l'illumination. Chaque porte, chaque portail permet d'accéder à une vision nouvelle, de faire l'expérience d'une vérité inédite, d'acquérir un savoir à partager avec l'Empire pour la plus grande gloire du Clan du Lion.

L'Ecole de Barde Ikoma

Quand on étudie de près les plus grands conteurs de chaque génération de l'histoire de Rokugan, on comprend vite que les Ikoma dominent cet aspect social de l'Empire. Contrairement à la plupart des courtisans qui s'attachent à la manipulation et aux différentes formes de tromperie, les bardes Ikoma (ou oimoidasu) s'efforcent de montrer l'exemple, citant les précédents historiques et les récits mythiques des héros pour démontrer l'issue attendue de toute discussion les impliquant. Bien que cette tactique puisse paraître curieuse, nombre de courtisans d'autres Clans connaissent les pires difficultés en face d'un Ikoma capable de leur démontrer que leurs ancêtres désapprouveraient leur conduite. Dans une société ancrée dans l'histoire et la tradition, l'usage de paraboles constitue parfois une technique terriblement efficace.

Les Techniques Ikoma permettent au courtisan d'inspirer son prochain mais aussi de résister à la manipulation de ses adversaires. Par railleurs, en comparant ses interlocuteurs à des personnages historiques, les Ikoma gagnent de la Gloire non seulement pour eux, mais également pour autrui beaucoup plus facilement.

Compétences indicatives : connaissance en histoire (du Clan du Lion), courtisan, etiquette, sincérité (honneteté), spectacle (art du conteur)

Equipement indicatif : vetements traditionnels, wakizashi, couteau, necessaire de calligraphie

La Famille Kitsu

La famille, qui fut fondée par l'union des cinq derniers kitsu avec les filles d'Akodo, obéit à des traditions d'une rigidité presque incompréhensible. Le regard qu'ils portent sur l'honneur, la guerre, le culte et même la vie quotidienne est demeuré inchangé depuis la génération qui succéda à Soli Tendo et ses semblables. Les enseignements légués par les derniers kitsu et leurs enfants forment l'ossature de l'existence au sein de la famille, et si un quelconque problème ne trouve pas sa solution dans les écrits les plus anciens, les Kitsu extrapolent la tradition jusqu'à bâtir une réponse qui lui soit conforme. Ce traditionnalisme est particulièrement rigide sur tout ce qui touche au domaine spirituel, car les Kitsu utilisent les pouvoirs de leur lignée ancestrale pour voyager dans les différents Royaumes des Esprits, accéder à la sagesse et apaiser le courroux des ancêtres du clan montés à Yomi. Une prouesse que seul un Kitsu peut accomplir de façon parfaite, ce qui renforce la famille dans son traditionalisme.

Les Kitsu veillent jalousement sur leurs secrets. Comme ils puisent leur pouvoir d'un lien avec une race non humaine, ce qui pourrait, encore aujourd'hui être mal interprété, fort peu de gens connaissent la vérité, même au sein du clan. Qui plus est, dans leurs propres rangs, seule une minorité possède assez de sang kitsu pour manier ces pouvoirs. Ces shugenja d'élite sont appelés les Sodan Senzo. Hors de leurs rangs, la famille Kitsu n'enseigne que les sorts et rituels religieux traditionnels, communs aux shugenja de tout l'Empire. Pour l'essentiel, les Sodan Senzo mènent une vie de reclus dans les Tombes des Kitsu, occupés à communier avec les ancêtres vénérés et à observer le monde, n'émergeant que très rarement pour poser les yeux sur le monde des vivants. A contrecoeur, il arrive cependant qu'un Sodan Senzi serve de conseiller spirituel à un seigneur Akodo ou Matsu ayant besoin de ses talents uniques.

Cet isolement conduit souvent le haut commandement Kitsu à voir le monde avec les yeux d'un myope. La grande majorité des membres de la famille, qui ne participe pas activement à cette voie secrète (souvent en raison d'un sang insuffisamment pur), est mise à l'écart et envoyée au loin servir la cause du Clan du Lion. Reclus obsessionnels, les Sodan Senzo jouissent d'un grand pouvoir et d'une autorité certaine pour tout ce qui touche aux Royaumes des Esprits. Mais ce même isolement, combiné à une tradition guerrière qui ne recourt que rarement à la magie sur le champ de bataille, conduit la famille à être considérée comme inutile à la vie quotidienne de la Main Droite. Cela étant, le Clan du Lion ne saurait se passer de ses membres : leur connaissance du monde des esprits galvanise le culte des ancêtres, une tradition qui ne revêt nulle part ailleurs une telle importance.

L'Ecole de Shugenja Kitsu

Les vieux rituels de l'Ecole Kitsu n'ont quasiment pas changé depuis que la famille a été fondée et la simple idée de mettre de côté les reliques du passé ne l'a jamais effleurée. Grâce à ses origines uniques, la famille Kitsu a toujours eu une vision très précise des relations qui unissent le monde des mortels et les royaumes de l'au-delà. Cette faculté de percevoir les liens qui séparent les vivants des ancêtres s'est développée au point qu'ils parviennent à sentir et à manipuler les liens qu'un individu entretient avec les autres royaumes.

Les Kitsu peuvent affecter le lien qu'entretient autrui avec les autres royaumes. Par ailleurs, ils s'intéressent de près à la magie de bataille, vitale pour les samurai Lion, et peuvent donc influer sur l'issue d'escarmouches en usant de Sorts puissants.

Les Kitsu descendent de créatures mystiques et parviennent à franchir le voile entre les mondes, mais également à communiquer avec leurs ancêtres.

Compétences indicatives : art de la guerre, art de la magie, calligraphie (code secret), connaissance en histoire, connaissance en théologie, etiquette

Equipement indicatif : robe, wakizashi, couteau, etuit à parchemin

autres indicatifs : 5 kokus, honneur 6,5

La Famille Matsu

Les Matsu forment l'épine dorsale des armées du clan, le muscle attaché à ses tendons, la chair sur ses os. Sans cette famille, le Clan du Lion n'aurait jamais disposé des troupes nécessaires pour servir de Main Droite à l'Empereur. Sans leur férocité, ses ennemis ne frémiraient pas lorsqu'une unité du clan du Lion effectue une charge, car aucun adversaire n'est jamais sorti indemne d'un assaut Matsu.

Pour les membres de cette familles, le combat est tout : l'essence de leur être, le sang qui circule dans leurs veines, la trame de leur âme. Cette dévotion envers l'art de la guerre confine au mysticisme, même s'il est déconseillé de leur dire en face. Quoi qu'il en soit, ils ressentent l'obligation morale d'exceller au combat, et à l'image de la fondatrice de la lignée, ils incarnent la rage bouillonnante et pure d'un guerrier honorable qui refuse de céder à la faiblesse ou à la lâcheté. La plupart des familles de samurai fuient l'appel de la fureur guerrière, même si le Clan du Crabe s'y abandonne sans retenue. Les Matsu, quant à eux, canalisent cette rage, la façonnent, l'affûtent et s'en servent dans un but précis. La guerre étant la compétition par excellence entre la vie et la mort, il appartient à chacun de surmonter l'épreuve ou de retourner à la Roue Céleste.

Cette philosophie, mêlée à un traditionnalisme rigide, fait des Matsu des individus au sang chaud. Ils abordent la vie avec passion, et se lancent dans une égale férocité dans une bataille ou un débat de cour. Un Matsu ne tergiverse jamais quand il s'agit d'agir, quelles que soient les chances de réussir, et préférera toujours foncer tête baissée, babine retroussées, sabres brandis, ou pinceau au vent si l'occasion s'y prête davantage. Rien n'est entrepris de façon légère, décontractée ou calme. Se montrer faible, hésitant ou timoré serait faire injure à la mémoire de Matsu elle-même, et c'est inimaginable pour tous les descendants de la Dame des Lions.

Les Matsu ont peu de rivaux qu'ils considèrent dignes d'êtres cités. Seuls les Akodo, membres du même clan, semblent mériter une place à part dans leur coeur, même si la façon dont ils les voient, commandants respectables ou rivaux frustrants, est sujette à certaines fluctuations saisonnières. Un Matsu ne niera jamais l'efficace d'un général Akodo, mais ces derniers sont trop souvent obsédés par l'exactitude et la perfection tandis que leurs troupes Matsu fulminent, et ne demandent rien de mieux qu'une simple charge au lieu de manoeuvres alambiquées. Les méthodes d'Akodo le Borgne ont souvent fait bouillir Matsu elle-même, bien qu'elle lui ait toujours obéi en tout point ; un shéma rivalité-admiration qui se répète mille fois dans chaque armée contemporaine du Clan du Lion. Les Matsu témoignent du respect nécessaire envers les deux autres familles du clan, mais tout samurai extérieur à la Main Droite est considéré avec un certain mépris. Quand aux membres du Clan de la Grue, ils ont eu droit, tout au long de l'histoire de l'Empire, à une haine spéciale en souvenir de la querelle entre la fondatrice et Kakita.

Soif d'en découdre et impatience vis-à-vis des rituels sociaux élaborés font que l'on compare parfois les Matsu aux Hida du Clan du Crabe. Pourtant, un élément distingue nettement ces deux familles : leur rapport à l'honneur. Les Matsu sont des fanatiques pour tout ce qui touche au Bushido : malgré leur amour immodéré du combat, ils se refusent à employer certaines tactiques qu'ils jugent lâches ou déshonorantes. Contrairement aux Akodo qui cherchent à respecter toutes les vertus du Bushido de façon égale, les Matsu se concentrent sur les aspects martiaux du Code et ont une lecture spécifique de certaines vertus comme la Compassion, la Courtoisie et la Sincérité, en les soumettant à diverses conditions. La Courtoisie, par exemple, est reservée à ceux qui la méritent. La Sincérité, quand à elle, n'entre pas en conflit avec l'Honnêteté, venant plutôt la compléter : elle autorise ainsi à un Matsu à exprimer la vérité sans détour ni hésitation. La Compassion, enfin, s'exprime en assurant la protection du petit peuple, non en versant des larmes pour lui. Cela étant, aucun Matsu honorable ne se laissera jamais aller à la cruauté, que ce soit envers un paysan ou un ennemi. En matière d'honneur, les Matsu sont donc fidèles à la tradition, mais à leur manière au sein du Clan du Lion.

Les Matsu sont souvent décrits comme une famille au fonctionnement matriarcal, mais cela n'est pas tout à fait exact. Contrairement aux Moshi du Clan de la Mante, où tous les postes à responsabilité sont exercés par des femmes, ou à la famille Utaku du Clan de la Licorne qui interdit aux hommes de combattre à cheval, le sexe fort ne se voit barrer l'accès d'aucun poste au sein de la famille : les contraintes de l'éducation des enfants font même que les troupes Matsu sont composées à majorité d'hommes. Au sommet de la hiérarchie, en revanche, la coutume donne la priorité aux femmes. Seule l'absence de fille conduira un descendant mâle du daimyo à régner à sa suite, un phénomène rare, qui s'est cependant produit à plusieurs reprises dans l'histoire du clan. Enfin, lors des périodes où les Matsu détenaient le titre de Champion du Clan, il était courant de voir le fils aîné diriger le clan cependant que la fille aînée régnait sur la famille.

L'Ecole de Berserker Matsu

La grande majorité des vastes légions de samurai Matsu étudient à l'Ecole de la famille, pour la simple raison qu'ils estiment les autres styles de combat bien trop conservateurs et réservés. Un véritable Matsu ne craint pas la mort, au point que les Techniques que leur enseignent leurs sensei s'appuient sur un engagement total et indéflectible au combat. Bien qu'en théorie cela les rend vulnérables aux attaques de leurs adversaires, la philosophie Matsu veut qu'un ennemi vaincu n'a aucun moyen d'exercer des représailles. Cette raison fait que les légions de la famille sont redoutées sur le champ de bataille car comment vaincre un ennemi qui ne se soucie guère de savoir s'il va vivre ou mourir ?

Compétences indicatives : art de la guerre, connaissance en histoire, Jiujitsu (arts martiaux), Kenjutsu (voie de l'épée)(katana), Kyujutsu (tir à l'arc)

Equipement indicatif : armure légère ou lourde, vetements robustes, daisho, arme lourde ou arme d'hast

Le Clan du Lion et L'art de la Guerre

C'est une vérité simple et inflexible : le Clan du Lion est un clan de soldats. Il abrite l'une des organisations militaires les plus vastes de tout l'Empire, avec comme seuls concurrents directs les Clans du Crabe et de la Licorne, et a passé l'essentiel des douze derniers siècles à peaufiner l'art de la guerre à son image. Comprendre le Clan du Lion, c'est avant tout comprendre la façon dont ses membres abordent la mission, divine selon eux, qui consiste à servir de Main Droite à l'Empereur.

Au fil des époques, le clan a connu de grands succès militaires, bien plus que tout autre. Curieusement, pourtant, dans presque toute l'histoire de l'Empire, il n'a quasiment jamais innové en matière de stratégie. Lors des deux premiers siècles après la fondation de Rokugan, stratèges et sensei du Clan du Lion ont acquis la conviction presque absolue selon laquelle Le Commandement d'Akodo, à condition d'être correctement assimilé et disséqué, contenait les théories et stratagèmes suffisants pour faire face à n'importe quel adversaire ou conflit. Les enseignements tactiques du clan et sa supériorité sur le champ de bataille devinrent ainsi une sorte de jeu à grande échelle, consistant à analyser les données de façon à adopter l'approche préconisée par Akodo.

En surface, ce type de raisonnement apparaît contre-productif : il limite le Clan du Lion à une série prédéterminée de stratégies et de tactiques. Mais dans les faits, ce n'est pas le cas. Pour l'essentiel, c'est tout l'Empire qui est figé, ce qui temps à rendre très pertinents les jugements de la Main Droite à propos des forces et faiblesses des autres clans. Hormis la menace en perpétuelle mutation de Jigoku (et que doit contenir le Clan du Crabe, pas celui du Lion), dans toute l'histoire de l'Empire, le clan n'a connu que trois vrais défis qui l'ont conduit à changer radicalement son... dai-kyu d'épaule : la publication du livre de Sun Tao, le retour du Clan de la Licorne au début du neuvième siècle et enfin l'acquisition par le Clan du Lion, au douzième siècle, d'un traité militaire gaijin : La Bellis Yoditarum. Chaque évènement eut un impact différent sur le clan, mais tous trois posèrent sans conteste un défi tacique et stratégique de taille.

La réponse du clan à deux de ces évènements, ainsiq u'a certains défis mineurs (comme leurs rares défaites militaires) est éloquente. Plutôt que de changer d'approche, il s'est agi de raffiner l'existant en tirant parti des difficultés nouvelles au sein du shéma traditionnel. Aux yeux du clan, il n'existe pas d'autre réponse possible : apreès tout, ses membres s'appuient sur les enseignements d'un Kami, d'un dieu vivant, et sur des siècles de perfectionnements apportés par les plus grands chefs militaires que le clan ait connus, et qui sont tous aujourd'hui des esprits et des ancêtres vénérés. Admettre l'existence d'une faille dans ce raisonnement serait une bêtise, mais aussi et surtout un blasphème. Par conséquent, pour relever ces défis, le clan n'eut d'autre choix que de jouer les exégètes s'efforçant de faire cadrer la réalité avec les enseignements d'Akodo.

Manifestement, cette approche a fonctionné : le Clan du Lion a engrangé les victoires au fil des siècles malgré certains soubressauts de l'histoire. Pourquoi un tel succès ?

En vérité, les choix tactiques et stratégiques du clan se basent sur une compréhension profonde de la nature humaine (du point de vue rokugani, s'entend). Les autres clans ont souvent raillé la Main Droite pour sa vision rigide de l'honneur et de la société ; or, s'il est vrai que le Clan du Lion cultive cette rigidité en son sein, ses membres savent pertinemment que les autres samurai ont un mode de vie différent. Ils épient soigneusement les autres clans et s'en servent pour affiner les concepts édictés par Akodo à l'aube de l'Empire. Dans les faits, le Clan du Lion étudie inlassablement ses adversaires potentiels. Ses estiment la méthode efficace, car ils considèrent que la nature humaine change lentement et à contrecoeur. Les samurai qu'ils ont à combattre sont les mêmes aujourd'hui qu'hier, qu'un siècle plus tôt, et qu'un millénaire auparavant ; ils saignent comme ils l'ont toujours fait, bataillent, réagissent et pèchent de façon immuable. Bouleverser le shéma d'ensemble de la stratégie militaire serait admettre que la menace a changé du tout au tout, ce qui est impossible.

Seuls les ennemis de l'Outremonde, et peut-être les gaijin, sortent de ce cadre. Seuls ces adversaires venus de l'extérieur, aux manières impies et, apparemment, en perpétuelle évolution nécessitent une véritable refonte tactique. Rien d'étonnant, donc, à ce que deux des défis majeurs posés au Clan du Lion aient eu une origine extérieure à l'Empire : le Clan de la Licorne et le La Bellis Yoditarum. Dans les frontières de Rokugan, en revanche, la Main Droite est restée fidèle à sa tradition militaire pendant plus de mille ans.

Si le clan est en mesure d'affirmer que la nature humaine est immuable, il le doit en partie aux chroniques Ikoma qui mettent ses victoires militaires en perspective. L'Ecole de Guerre du Clan du Lion est la meilleure académie militaire de l'Empire : tous ceux qui y sont formés lisent et relisent les comptes-rendus de centaines, voire de milliers de batailles afin d'analyser et d'identifier les stratégies employées. Ils apprennent à déchiffrer un champ de bataille au premier coup d'oeil, et quelles manoeuvres peuvent être utilisées selon la nature du terrain. Ils connaissent les tactiques de chaque clan sur le bout des doigts, sur une durée de plusieurs siècles, la réponse apportée par leurs ancêtres... et surtout les raisons pour lesquelles ces derniers ont parfois échoué.

Le Clan du Lion étudie ses échecs militaire autant, sinon plus, que ses victoires. Chaque fois qu'une armée du clan est vaincue, les sensei de l'Ecole de Guerre se replongent dans l'étude des textes et dissèquent les chroniques pour déterminer ce que les généraux du clan ont mal interprété lors de la bataille ou campagne incriminée. Ils passent en revue les schémas tactiques pour voir lequel a été incorrectement appliqué, et en tirer des enseignements pour de futures situations similaires. Un observateur extérieur pourrait être tenté de ne voir dans cette approche qu'une lecture bornée. En réalité, l'Ecole de Guerre Akodo, et le clan en général, a développé une capacité presque surhumaine à puiser dans sons avoir militaire pour appliquer aux batailles modernes des tactiques aussi anciennes que l'Empire lui-même. Notons également qu'Akodo, puis les premiers stratèges qui prirent sa suite, ont souvent rédigé leurs axiomes de façon floue, sans s'enferrer dans des principes étroits : cela facilite leur interprétation.

Les Dix Préceptes

Le Commandement D'Akodo

Hormis l'exégèse du Bushido, le thème principal abordé dans Le Commandement est la hierarchie militaire et la marche à la victoire. Certains passages célèbres sont devenus des aphorismes dans le Rokugan actuel.

La guerre est tout aussi inévitable que le brouillard au printemps. Elle progresse depuis la mer et couvre lentement le pays d'un voile froid immaculé. Avec le temps, elle finit par se dissiper, mais le pays est à jamais changé.

Shinsei dit : "La nature ne distingue pas le bien du mal." Mais je vous dit aujourd'hui que l'homme, lui, connaît la différence, et qu'ignorer ce fait, c'est ignorer la marche du monde et étouffer l'espoir d'un monde meilleur.

Le devoir est l'âme du samurai, sa raison de vivre. Négliger son devoir, c'est entacher son âme. Le devoir est une gemme parfaite dotée de cent mille facettes. Chacune reflète un mode de vie, une façon d'agir, une façon de servir. Accomplir son devoir, c'est tout ou rien, blanc ou noir. Le gris n'existe pas. Vivez pour chaque facette : en négliger ne serait-ce qu'une seule, c'est faire perdre toute sa valeur à la gemme. Telle est l'existence du samurai.

Charger les lignes ennemies sans connaissance préalable de ses forces et faiblesses ne vous conduira pas à la gloire et vous désignera comme un lâche. Votre premier devoir consiste à assurer la sécurité de l'Empereur et de votre clan. L'aveuglement conduit à une mort rapide. Quand vous faites face à l'ennemi, laissez-le voir ce que vous souhaitez qu'il voie. Montrez-lui votre main droite et frappez avec la gauche. Dissimulez ce qu'il ne doit pas voir, car la morsure de votre gifle apaisera la douleur provoquée par une lame s'enfonçant prestement dans son flanc.

Quand l'ennemi est solidement retranché, poussez-le à sortir de son abri. Attaquez -vous à ce qui lui est cher pour l'obliger à quitter sa position. Extirpez-le de son sanctuaire et attendez le moment opportun pour frapper.

Prenez exemple sur les erreurs de l'ennemi, mais pas sur celles de vos officiers. Chaque homme sait parfaitement reconnaître ses bévues. Lui montrer les erreurs d'autrui renforce sa confiance en lui ; lui assener ses propres erreurs sème le doute dans son esprit.

Si je suis supérieur à l'ennemi, je l'encercle. Si j'ai deux fois la taille de l'ennemi, je divise mes forces en deux et je le prends en tenaille. Si je suis l'égal de mon adversaire, je cherche son point faible et je l'exploite au mieux. Si je suis inférieur à l'ennemi, je manoeuvre de façon à le frapper comme l'abeille pique le samurai.

La Tradition des Quêteurs de Mort

Au sein du Clan du Lion, les Quêteurs de Mort sont des unités militaires composées de soldats déshonorés, que ce soit à titre personnel ou suite à la disgrâce de leur maison. Plutôt que le seppuku, il leur est proposé de se racheter en mourant sans peur sur le champ de bataille, en sacrifiant leur vie pour le salut du clan. Les traditions qui les poussent à agir ainsi ne sont pas spécifiques à la Main Droite : de temps à autre, tel ou tel samurai d'un autre clan fait le même voeu. Au sein du Clan du Crabe, par exemple, certains guerriers déshonorés sont autorisés à "aller retrouver Hida", à savoir pénétrer dans l'Outremonde pour y mourir au combat en s'efforçant d'emporter avec eux un maximum d'abominations de Fu Leng. Au cours de cette brève existence, de tels individus sont à la fois source de notoriété et de honte pour leur clan. Les membres du Clan du Lion, en revanche, subissent un traitement différent : la Main Droite compte tellement de Quêteurs de Mort dans ses rangs qu'elle peut former des bataillons entiers. Les Quêteurs de Mort du clan vivent dans un anonymat quasi total, leur identité noyée dans ce dévouement collectif et la fierté avec laquelle ils combattent. La façon même dont le Clan du Lion considère les Quêteurs de Mort en dit long sur leur conception très particulière de l'honneur, à tel point que dans la plupart des autres clans, "Quêteur de Mort" et "Lion" sont des synonymes.

La tradition puise ses origines au troisième siècle, dans un incident relatif à un vassal mineur de la famille Matsu. Général de renom, Hayameru Shibai commandait la garnison de l'une des petites places fortes protégeant les alentours de Shiro Matsu du Col de Beiden. Sous la menace d'une armée du Clan du Scorpion supérieure en nombre, il se déshonora en s'apprêtant à trahir le daimyo Matsu pour sauver sa propre vie. Mais ses hommes se retournèrent contre lui. Apres avoir signalé sa trahison et apporté sa tête au daimyo Matsu, ils implorèrent qu'on les laissât faire seppuku. En raison de la bataille imminente, le daimyo leur ordonna de laver leur honneur au combat. La férocité et l'intrépidité dont ils firent preuve permirent au Clan du Lion de l'emporter contre toute attente. La tradition des Quêteurs de Mort était née lors de cette bataille, et depuis cette époque, elle n'a jamais cessé.

L'effectif pléthorique de l'ordre a de quoi choquer un observateur extérieur : le Clan du Lion est celui d'Akodo, rédacteur du Code du Bushido. Avec Dame Doji puis, plus tard, le deuxième Empereur, Hanti Genji, Akodo appartient au cercle très fermé des fondateurs de la société Rokugani. C'est sa perception de l'honneur qui définit cette vertu dans les rangs de l'Empire. Il ne fait aucun doute que le Clan du Lion est dévoué corps et âme au Bushido, faisant preuve d'une compréhension profonde de sa nature et de ses préceptes, même si d'autres clans remettent en cause certaines positions de la Main Droite. Dans ces conditions, comment se fait-il que le Clan du Lion dispose, et ait besoin, d'un ordre entier composé d'individus déshonorés qui cherchent à expier la honte de leur inconduite dans une mort glorieuse ?

Le nombre important de Quêteurs Mort au sein du clan n'appelle aucune réponse immédiate ou évidente...même si l'on peut y voir l'héritage d'Akodo. Si les autres clans peuvent tous se targuer d'adhérer pleinement aux Vertus du Bushido (voire affirmer qu'ils les comprennent bien mieux que les membres du Clan du Lion), il n'en reste pas moins que ce fut Akodo lui-même qui en posa les principes, puis les imposa à ses disciples. Par conséquent, ces derniers adhèrent à une vision extrêmement rigide de l'honneur, un cadre étroit qui laisse sensiblement moins de marge que dans les autres clans. Ce qu'un daimyo du Clan du Lion considère comme un déshonneur peut paraître anodin au seigneur d'un autre clan, et les manquements les plus graves peuvent êtres vus de façon très différente. Comme les membres du Clan du Lion connaissent sur le bout des doigts leur histoire et leurs traditions, ils sont impitoyables envers ceux qui transgressent le Bushido, fût-ce de façon superficielle. Après tout, leurs samurai sont cansés connaître le code sur le bout des doigts.

Ce profond respect des traditions entraîne la disgrâce de nombreux soldats de la Main Droite pour des motifs souvent mineurs, qui entraîneraient une sanction bien plus clémente dans n'importe quel autre clan. Tel ou tel "incident" a de quoi frapper un observateur extérieur pour son caractère trivial, tout comme le châtiment pour son extrême sévèrité. Aux yeux du clan, pourtant, tout ceci est parfaitement adapté. Ses membres étant convaincus qu'ils sont les seuls vrais tenants du Bushido, cela entraîne fort logiquement la nécessité d'une sanction dès qu'un manquement à l'honneur est observé. La tradition des Quêteurs de Mort est essentiellement un effet secondaire de cette rigidité absolue, et un expédient très commode pour soutenir l'effort de guerre. Quand la honte est grande aux yeux du clan, mais que l'acte n'est pas jugé assez grave pour requérir exécution ou exil, l'ordre des Quêteurs de Mort fournit un substitut au seppuku, une sorte de voie médiane. Pour les membres du Clan du Lion, l'existence de l'ordre et son effectif sont la preuve que le Bushido y est bien appliqué.

Il convient d'ajouter que les Quêteurs de Mort considèrent qu'ils ont déjà payé pour leur crime; la voie qu'ils suivent est celle du rachat, et ils ont conscience de jouir d'un privilège considérable. Incarnations du Bushido, ils symbolisent les vertus du Courage et du Devoir, voués comme ile le sont à périr au combat pour protéger leurs frères. Les cordons blancs sacrés qu'ils arborent à la ceinture et autour du front peuvent êtres vus comme un signe de honte, mais ce sont aussi des symboles religieux qui marquent leur attachement spirituel à la mort. Ce type d'attitude n'appartient qu'au Clan du Lion.

L'ordre des Quêteurs de Mort occupe une position prédominante au sein du dispositif militaire du clan. Il sert de troupes de choc, mais d'une façon distincte par rapport aux ronin qui sont employés dans l'armée de n'importe quel clan, celui du Lion y compris. En règle générale, les ronin sont engagés en grand nombre pour encaisser les assauts les plus durs. Ceux qui survivent à ce traitement de choc deviennent des vétérans à qui l'on proposera des missions moins suicidaires, mais pour l'essentiel, il s'agit de piétaille vouée à mourir à la place de soldats du clan plus précieux. Les Quêteurs de Mort, en revanche, considèrent comme un privilège le fait d'être placés en pointe d'une charge : ils pourront ainsi briser les défenses adverses. Leur férocité confine à la démence : se souciant comme d'une guigne de leur survie, ils n'en sont pas moins des bushi très capables. En conséquence, les Quêteurs de Mort forment un atout précieux dans les armées de la Main Droite, que l'on place toujours en première ligne quand le clan arrive sur le champ de bataille. Après tout, les tenir en réserve reviendrait à renier l'appel sacré auquel ils répondent...

En raison de leur nombre, les Quêteurs de Mort forment des unités distinctes. Ces unités sont autosuffisantes, même leurs officiers sont des Quêteurs de Mort, mais les grades internes sont d'ordre purement fonctionnel. En dehors du champ de bataille, les Quêteurs de Mort ont tous le même statut; et un taisa reçoit le même traintement qu'un hohei. Tous les samurai d'une unité de Quêteurs de Mort respectant l'honneur à tout prix, discipline et obéissance y sont généralement absolue. Les Quêteurs de Mort sont habituellement organisés en kaisha (compagnies), chacune comprenant les sept guntai (escadrons) habituels, mais sans unité d'archers. Même si la plupart des Quêteurs de Mort sont formés au tir à l'arc, ils n'en portent pas au combat : s'ils viennent livrer bataille, c'est pour mourir de façon glorieuse, pas pour agacer l'ennemi à distance. L'armement standard comprend une lance et le daisho, la première aisément remplaçable, le second plus précieux que leur âme elle-même.

Au bout du compte, toute unité de Quêteurs de Mort est un atout voué au sacrifice. Mais malgré un arsenal réduit et une armure plus réduite encore, il n'est pas question de les envoyer au combat sans but stratégique. Les officiers supérieurs du Clan du Lion, tous conscients des forces et faiblesses inhérentes à ce type d'unité à ce type d'unité, s'en servent pour briser le moral adverse ou faire sauter un verrou ennemi solidement défendu. Ainsi, malgré le caractère exceptionnellement dangereux (voire suicidaire) des missions qui sont confiées aux unités de Quêteurs de Mort, celles-ci jouent-elles souvent un rôle clé dans l'issue de la bataille. Quand il s'agit de faire une percée dans une ligne ennemie apparemment inexpugnable, lorsqu'il faut sacrifier une unité pour gagner un temps précieux...on envoie les Quêteurs de Mort.

Ils peuvent également influer sur le cours d'une bataille de façon moins tangible. Leur dévouement extrême renforce la détermination des unités voisines, et leur présence en première ligne (unité sans bannière, soldats seulement reconnaissables aux cordons blancs qui leur ceignent le bras et le front) suffit souvent à intimider l'adversaire. La réputation de l'ordre en matière de férocité n'est plus à faire dans l'Empire. Elle incite souvent un ennemi moins aguerri à modifier sa stratégie, source d'erreurs que le Clan du Lion n'a plus qu'à exploiter. Ainsi, les Quêteurs de Mort jouent-ils un rôle décisif dans presque toutes les batailles menées par le clan.

Le Clan du Lion et la Vénération des Ancêtres

La religion Rokugani s'appuie sur trois fondements : Fortunisme, Shintao et vénération des ancêtres. Si ces trois aspects de la foi sont universallement reconnus, le Clan du Lion ocnsacre assez peu de temps aux enseignements de Shinsei : on trouve une copie du Tao dans chaque dojo du clan, Hantei ayant ordonné à tous les sujets de l'Empire d'étudier les enseignements du Peti Maître, mais cette copie prend généralement la poussière. Fortunistes comme il se doit, les membres du Clan du Lion vouent un culte particulier à Bishamon, Fortune de la Force : son autel principal est d'ailleurs situé sur les terres du clan. Mais c'est dans la vénération des ancêtres que le Clan du Lion diverge le plus des coutumes religieuses observées ça et là à Rokugan.

Maints Rokugani vénèrent les ancêtres tout au long de leur vie, même si le degré et l'intensité de leur ferveur peuvent varier. Les ancêtres directs d'une famille (parents ou grand-parents) sont vénérés sans faillir par tous les membres de la maisonnée, mais à partir de la génération précédente, le culte a souvent tendance à se relâcher. Leurs leçons sont toujours enseignées aux enfants, un autel local peut être dédié à telle gloire familiale, mais la vénération quotidienne s'estompe en même temps que le souvenir de leur vie passée subit l'érosion du temps. Bien entendu, les figures tutélaires que sont le fondaterus d'une famille ou un Kami continuent d'être l'objet de célébrations annuelles. Les samurai dévots rendront en outre hommage à un ancêtre prestigieux en effectuant un pèlerinage de temps à autre jusqu'à son autel principal. Quand ils sont vraiment très pieux, ce qui est la norme dans le Clan du Lion, un tel pélerinage a lieu tous les cinq ans environ.

Prières et offrandes à ces autels familiaux forment l'ossature de la vénération des ancêtres. La plupart des samurai sacrifient quotidiennement à ces rituels, et la vie des plus dévots a pour pivot central le souvenir de la famille de la lignée. Des offrandes symboliques sont placées chaque matin devant l'autel, ce qui constitue souvent le premier geste de la journée. Il s'agit le plus souvent de menues portions de riz et de poisson, d'une tasse de saké ; puis on allume un baton d'encens, on frappe dans ses mains et l'ont dit une courte prière de remerciement aux ancêtres pour leurs conseils et leur présence. Chaque soir, les offrandes sont retirées et l'autel nettoyé avec soin pour s'assurer que les ancêtres ne s'offusquent pas d'une quelconque négligence.

Les familles du Clan du Lion, encore plus concentrées sur le souvenir et le respect des ancêtres, se livrent à une petite cérémonie le jour anniversaire de la mort des défunts notables. Il ne s'agit pas nécessairement d'un ancêtre célèbre : son statut ou sa protection (telle que ressentie par la famille) peut suffire. Dans les faits, les maisons du Clan du Lion possèdent souvent une tablette spéciale dédiée à ces ancêtres spécifiques, signe patent d'un respect particulier. Les cérémonies, qui prennent la forme d'offrandes généreuse et de longues prières, ont lieu chaque mois à la date anniversaire du défunt, le jour du kimichi. L'anniversaire proprement dit donne lieu à un évènement plus fastueux encore, auquel assistent amis et famille, et dont les rites sont accomplis par un shugenja (de la famille si possible). Cette cérémonie annuelle, le sho-tsuki, se veut généralement plus festive que triste. Les offrandes (soie, sake, danse et festin) sont faites en l'honneur du défunt pour louer ses services et saluer ses conseils. Puis famille et amis se réunissent pour manger et faire la fête d'une manière convenable aux yeux du clan, c'est-à-dire sans abus : il n'est pas question de faire affront aux défunts en sombrant dans l'ivresse et la débauche, pas même chez les Ikoma.

Notons également qu'au sein du Clan du Lion, la vénération des ancêtres est bien moins susceptible de faiblir au fil du temps. Ses membres mettent un point d'honneur à célébrer les premier, cinquième, dixième, cinquantième et centième anniversaires de la mort de chaque samurai éminent, et disposent à cet effet de calendriers spéciaux tenus conjointement, et avec le plus grand soin, par un Ikoma et un Kitsu oeuvrant en tandem. En outre, chaque famille de la Main Droite archive méticuleusement sa généalogie, en remontant si possible jusqu'aux fondateurs du clan. Alors que les demeures des samurai contiennent en général une tablette, deux tout au plus, les maisons du Clan du Lion abritent souvent plusieurs autels domestiques. Dans les familles aisées, il existe une tablette et un autel pour chaque chef de famille défunt, les plus modestes se contentant de tablettes temporaires pour la vénération de tel ou tel ancêtre illustre. Par conséquent, les membres du clan sont amenés à quitter leur poste à maintes reprises au cours d'une année afin d'honorer les ancêtres, mais cette tradition revêt une telle importance dans la culture du clan que cela n'est jamais considéré comme un manquement au devoir.

Bien entendu, l'exemple le plus connu de vénération des aïeux par le Clan du Lion réside dans le grand temple baptisé Hall des Ancêtres. Site le plus sacré des terres du clan, cet immense complexe est traditionnellement asministré et défendu par le deuxième enfant du daimyo de la famille Matsu ; si ce n'est pas possible, la charge incombe à un individu choisi pour l'extrême pureté de son honneur. Le Hall sert de dernière demeure aux urnes contenant cendres et ossements de centaines de héros du Clan du Lion. Des statues à leur éffigie, illustrant ce que chacun a accompli de plus noble, sont érigées devant chaque urne. Pour tout héro dont le corps n'a jamais été retrouvé (comme Dame Matsu), l'on dresse malgré tout une statue devant une urne vide pour honorer ses hauts faits.En outre, le souvenir s'appuie généralement sur une stèle indiquant le nom, la lignée, les dates de naissance et de mort et les exploits les plus notables.

De l'extérieur, le Hall où s'affairent des Kistu dévots et réservés paraît grandiose...et surotut plus silencieux qu'une crypte. Les membres du clan qui le visitent, en revanche, affirment qu'il n'en est rien : il se murmure que ses parois font écho aux mélopées incessantes des ancêtres qui leur parlent depuis Yomi. Les samurai du Clan du Lion s'y rendent régulièrement, non seulement pour faire acte de piété, mais aussi pour quérir la sagesse des défunts lorsqu'ils ont un choix de vie important à faire. Rares sont les membres du Clan à ne pas visiter la Hall au moins une fois, et plus rares encore les sujets de l'Empire extérieurs au clan autorisés à y pénétrer. Il s'agit en général d'individus affiliés au Clan du Lion ou de lignée impériale, et ces visiteurs sont toujours accompagnés par une garde d'honneur extrêmement vigilante.

Les Dompteurs du Clan du Lion

Ecole des Dompteurs Matsu

Les Griffes de Dompteur

Ecole Avancée du Lion : La Fierté du Lion

Ecole avancée : Maître Tacticien Akodo

"Aucune armée conduite par un général Akodo n'a jamais perdu une bataille."

La formule est souvent entendue dans les cours de tout l'Empire d'Emeraude, et même dans les tentes de commandement des pires ennemis du Clan du Lion. Si la vérité historique diffère quelque peu, le sentiment sous-jacent est quand à lui indéniable : les Maîtres Tacticiens Akodo sont sans conteste les plus fins stratèges de Rokugan. Seul un meneur d'hommes exceptionnel et favorisé par le destin peut espérer triompher d'un Maître Tacticien sur son propre terrain.

Voie : Quêteur de Mort

Un bushi Lion fait passer le Bushido et ses ancêtres avant toute autre chose. Quand il leur fait honte en déshonnorant son nom, il perd sa raison d'être et une partie de son âme. Il doit alors expier, généralement en faisant seppuku. Toutefois, il arrive que le Clan lui offre un autre choix : combattre aux côtés des Quêteurs de Mort, une unité de guerriers en armure légère qui cherchent le trépas en première ligne des conflits. Ils chargent sans ménagement et abattent leurs adversaire sans la moindre hésitation. La plupart de ces Quêteurs de Mort survivent moins d'une année.

Voie : Elu de Bishamon

Le Clan du Lion abrite les plus importantes armées et les plus grands généraux de l'Empire. La tradition martiale constitue le principal centre d'intérêt de tout samourai Lion, qu'il soit prêtre ou guerrier.

La famille Kitsu préfère de loin la voie de la prêtrise, mais les shugenja de cette famille ne reculent pas face à leurs devoirs. L'Elu de Bishamon apprend le maniement des armes et marche au combat aux côtés de ses frères bushi. Cependant, leur ferveur et leur dévouement pour l'Ordre Céleste restent purs, qu'ils se trouvent dans la sainteté de leur temple ou au beau milieu d'une bataille endiablée. La Fortune de la Force offre ses faveurs à ceux qui observent ses préceptes sans question ni réserve.

Voie Alternative : Kensai Akodo

Les samurai du Clan du Lion placent la tradition au-dessus de tout, au point que maints guerriers du clan marchent sur les traces de leurs ancêtres sans jamais en sortir. Alors que certaines armes sont plus adaptées au champ de bataille, le katana demeure emblématique de la culture des samurai. Les Kensai Akodo se consacrent exclusivement à cette arme jusqu'à en gommer les défauts. Ils passent des milliers d'heures à pratiquer kata, kenjutsu et iaijutsu afin de communier avec leur sabre. Une fois prêt, un Kensai peut se déplacer et attaquer comme si le katana faisait partie intégrante de son corps. Il frappe avec une aisance presque surnaturelle : la grâce dont il fait preuve suscite l'admiration de tous ceux qui sont témoins de son geste.

Voie Alternative : Eclaireur du Clan du Lion

Le traité d'Akodo sur l'art de la guerre met l'accent sur la nécessité d'obtenir des informations. Le fondateur du clan avait compris qu'un corps d'éclaireurs compétents pouvait décider de l'issue d'une bataille avant son déclenchement. Se cacher est considéré comme un acte déshonorant, mais les Eclaireurs du Clan du Lion sont prêts à ravaler leur fierté afin d'accomplir leur mission. Les familles Akodo et Ikoma forment des éclaireurs dans l'art d'échapper à l'ennemi et d'étudier le terrain, glanant au passage tout ce qui peut constituer un avantage face à l'armée adverse.

Voie Alternative : Parangon du Clan du Lion

Les samurai vivent par et pour le Code du Bushido, mais les frictions et tentations de la vie quotidienne rendent sa stricte mise en pratique quasiment impossible. Les Parangons du Clan du Lion persévèrent dans cette voie, surmontant les obstacles pour incarner l'idéal du samurai. Ils suivent une technique ancienne qui capitalise sur leur faculté de concentration et leur force d'âme, et qu'ils transmettent ensuite à ceux qui possèdent les mêmes qualités. Les Parangons ne forment pas une unité militaire proprement dite, mais leurs idéaux sont célébrés dans tout le clan et leur technique se perpétue de génération en génération.